Sénégal: présidentielles-2024, les raisons de la non candidature de Macky SALL

Article : Sénégal: présidentielles-2024, les raisons de la non candidature de Macky SALL
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8 juillet 2023

Sénégal: présidentielles-2024, les raisons de la non candidature de Macky SALL

« Mes chers compatriotes, ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024. »

Macky SALL

C’est en de ces termes que le président Macky SALL a mis un terme à des années de suspens sur sa possible candidature aux présidentielles de 2024 dans une allocution (très attendue) adressée à la nation ce lundi 03 juillet. Une décision saluée par bon nombre de personnalités politiques, traditionnelles et religieuses et déplorée par d’autres, notamment ses fervents soutiens qui affirment et persistent que leur dauphin avait bel et bien le droit et la possibilité de briguer un second quinquennat avec des arguments aussi détonants que surprenants. Vrai ou faux ? Essayons ensemble de démêlé le vrai du faux.

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Macky SALL
@Ludovic Marin

Le Sénégal est un pays d’Afrique de l’ouest qui, comme toutes les ex colonies Françaises, connaît des élections présidentielles depuis son indépendance obtenue dans les années 60. En 2016, à mis mandat, Macky SALL ; 4e président du Sénégal, a surpris toute la communauté internationale en soumettant son peuple au refendum pour passer du septennat au quinquennat dans un contexte politique en Afrique Subsaharienne où les coups d’Etat sont récurrents, où les présidents tripatouillent les constitutions pour se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible.

Ce pendant, après avoir entretenu le flou pendant des années sur sa possible candidature aux prochaines présidentielles de 2024 pour briguer un troisième mandat très controversé, le géologue a mis un terme récemment en déclarant qu’il ne s’y présenterait pas, bien que la loi l’y autorise, selon lui. Justement, que dit exactement la loi ?

Le Sénégal a un système électoral à deux tours. Avant 2016 la loi de 2001 autorisait un septennat et limitait le nombre des mandats à 02. Depuis son indépendance le 20 juin 1960, cette ex fédération du Mali a été gouvernée tour à tour par ; Léopold Sédar Senghor : 1960-1980, Abdou DIOUF : 1981-2000, Abdoulaye WADE : 2000-2012, Macky SALL : 2012-2024.

Qui est Macky Sall ?

Formé à l’Institut des Sciences de la Terre (IST) de Dakar et diplômé de l’École Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs (ENSPM) de l’Institut Français du Pétrole (IFP) de Paris, Macky Sall devient ingénieur géologue puis géophysicien. Né le 11 décembre 1961 à Fatick, dont il fût maire de 2009 à 2012, il a gravi les échelons de l’appareil d’Etat pour se hisser au sommet. Non sans l’aide d’Abdoulaye WADE de qui il décida de se séparer en 2007.

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Abdoulaye WADE.
@ Présidence Sénégalaise

Faire cavalier seul

Il part du PDS (Parti Démocratique Sénégalais) 2008 et créé APR (Alliance pour la République ). Il sera rejoint par les ex cadres et alliés de son ancien parti et c’est avec ceux-ci qu’il remportera ses premières élections présidentielles le 02 avril 2012 au deuxième sur un score de 68,80% face à son ancien mentor et président de parti : Abdoulaye WADE. Avec, entre autres, la promesse de réduire la durée du mandat de 07, à 05 ans. Promesse qu’il tiendra par voie référendaire en 2016 mais avec un amendement: celui qui stipule que la modification ne concernait pas son septennat. Ce qui ne sera mentionner nulle part sur les textes de loi comme nous le verrons plus loin.

Pour ce qui est du nombre des mandats, même si la loi de 2016 mentionne clairement qu’il est limité à deux, ce n’est vraiment pas une nouveauté vue que celle de 2001 le mentionnait déjà également. Ladite loi a été amendée notamment sur le volet de son application : en effet elle dispose qu’elle ne s’applique pas au septennat de Macky SALL contrairement à ce que souhaitait ce dernier. En gros, sa demande de réduire son mandat en cours avait été jugée irrecevable par la coure suprême. C’est ce amendement qui soulève une foultitude de questions auxquelles nous allons tenter de répondre, mais avant.

Faisons un petit récapitulatif

Macky SALL a été élu à la base d’un septennat et il a souhaité le changé en quinquennat la Cour Constitutionnelle a soumis sa volonté aux soins du peuple (puisqu’il est souveraint) et celui-ci l’a lui a accordée.

Revenons à nos questions

Une fois qu’une loi est modifiée et promulguée l’ancienne, ou du moins les aspects modifiés deviennent de facto caducs ? La réponse est…

OUI !

Dans ce cas pas besoin d’être Cheick ANTA DIOP pour comprendre que son septennat était devenu de facto un quinquennat depuis 2016.

Selon la majorité présidentielle, le premier septennat du président SALL n’est pas concerné par la disposition de l’article 27 de la constitution de 2016. La réponse est…

FAUX !

Car on ne peut pas modifier une loi à la base de laquelle on a été élu et remettre son application à plus tard, ou alors prendre des dispositions qui ne peuvent pas s’appliquer à quelqu’un qui en est assujetti d’office. Ça n’a vraiment pas de sens juridiquement et même logiquement.

Rappellons qu’un seul et unique aspect de la loi 2001 a été modifiée : de quitter du septennat au quinquennat.
L’article 27 de constitution est clair sur cet aspect. En outre, il n’y a aucun paragraphe de la loi de 2016 qui explique qu’elle ne s’appliquerait pas à Macky SALL. Pas anodin, non ? Petit jeu de dupe constitutionnel.

Prolongation anti constitutionnelle ?

L’arguments selon lequel le septennat de Macky SALL n’était pas concerné par la loi de 2016 souvenez-vous, ne tient pas la route vue que, la loi à la base de laquelle il avait été élu en 2012 avait été modifiée et non complétée, ce qui voudrait dire qu’elle s’appliquait à son septennat de facto. Par ailleurs, j’y ai retourné la constitution dont j’ai pu m’en procurer une copie dans tous les sens, aucun paragraphe n’y fait mention. L’article 27 de ladte loi, une fois de plus est onpeut plus clair:


@constitution Sénégalaise

Si on s’en tient à ce que dit la loi, les deux années supplémentaires passées à la tête du Sénégal de 2017 à 2019 sont purements et simplement antis constitutionnelles tout comme tenter de briguer un troisième mandat en 2024 l’aurait tout autant été et aurait mis le Sénégal à feu et à sang par la même occasion. Sacré jeu politique n’est-ce pas ?

Stratégie politique

Les raisons évoquées Macky SALL sont multiples, notamment patriotiques. Au-delà mais de ces raisons, c’est aussi une stratégie politique : qui consiste à laisser le pays dans la tempête et revenir quand il sera calme. Car avec les démêlés de justice de son principal opposant : Ousmane SONKO, dont je rappelle le funeste tableau affiche déjà morts depuis mars 2021 selon Amnesty International (14 en 2021 et 23 en 2023) pas sûr que les prochaines élections présidentielles de 2024 soient calment comme les plages de Ngor. Au regard de la majorité dont bénéficie sa coalition, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il reviendra sans mal, mais en tout cas il aura les moyens politiques et biensur financiers de revenir aux manettes du Sénégal dès 2029 et s’il le souhaite, et s’il conserve cette majorité.

Souvenez-vous qu’en 2012 l’opposition qualifiait le troisième mandat d’Abdoulaye WADE de coup d’Etat constitutionnel,
L’argument constitutionnel était qu’il n’était pas concerné par la reforme de la loi de 2001 vue qu’il avait été élu un an avant celle-ci. Un argument qui tenait la route contrairement à celui évoqué par les soutients de Macky SALL. La loi c’est la Loi.

Flou ou braquage constitutionnel

On l’a vu : lorsqu’on modifie une loi, l’ancienne devient caduque de facto.

La loi de 2001 avait été modifiée (et non complétée) ce qui veut ce qui veut dire que le septennat de Macky SALL était devenu de facto un quinquennat (son premier) autrement dit, celui de 2019 en était son deuxième et dernier.

C’est notoire : le Sénégal jouit d’une bonne réputation en matière de gouvernance en Afrique. Chacun de ses conflits politiques s’est toujours vu résolu à l’amiable, les protagonistes évoquent à chaque fois l’amour de la patrie qui passe évidemment avant tout. Espérons que les présidentielles du 25 février 2024 n’échappent pas à ces principes pacifiques et patriotiques, Point Final.

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